Yves De Vresse (Agenda Expo - 9/15 février 2007)


“Même si Joëlle Delhovren se sert de ses photographies pour élaborer ses toiles, il est évident que son oeuvre dépasse largement la dimension réaliste de celles-ci. Cadrage serré, peinture énergique, parfois violente, couleur réaliste de prime abord, sujet unique:Delhovren a su se créer un style. Se limitant aux portraits, elle y introduit une dimension psychologique qui rappelle la peinture de Lucian Freud. Pourtant, si chez Freud, une certaine dose de méchanceté ou de dégoût s'infiltre dans chaque représentation humaine, l'approche de Delhovren (Bruxelles, 1959) nous paraît davantage relever d'un humanisme sincère et bienveillant. Cela n'empêche aucunement ses toiles de se présenter au spectateur avec une vigueur certaine; l'artiste ne fait pas dans le détail à l'eau de rose et je suppose que certains de ses modèles ont dû ravaler leur salive en découvrant leur portrait. Techniquement, aussi, c'est du beau travail qui nous est présenté: sur la toile de lin cru, la gamme chromatique se limite aux tons chair, blancs et bruns, les portraits présentants sans exception des têtes ou des bustes nus. L'éclairage, quant à lui, est dramatique, voire "caravagiste". Cela nous vaut de beaux effets d'ombres avec, en contrepoint, des tons rouges flamme réfléchis sur des visages dont les traits marqués encadrent un regard qui interroge le spectateur. Les modèles ont souffert et vécu, c'est évident, mais leur vie, au moins, n'aura pas été inintéressante. Tout comme cette exposition qui a choisi l'espace d'un théâtre pour montrer un travail qui ne refuse ni la mise en scène, ni le drame.”